« Déjà frondeuse et grande gueule, elle était venue à lui déterminée et prête à suivre les pas du peintre qu’elle admirait. Une Frida tour à tour pitre et pirate, boitant depuis l’enfance, osant le pantalon pour mieux planquer des os malingres. Des mois de convalescence avaient achevé en elle toute ingénuité mais affirmé un fort esprit de dérision. Elle s’était mise à peindre. Diego figea Frida sur l’une de ses fresques, chemise rouge et fusil en main. Ils s’aimèrent. Et la liberté qu’arrachait constamment ce mari hors-norme força son audace et renforça une vie d’épreuves et de solitude — elle poussa toujours plus loin la provocation et ses propres limites. À l’intérieur d’une urne ayant la forme d’un crapaud, à Coyoacán, les cendres de la peintre reposent à présent dans la maison bleue qui l’a vue naître. À Mexico, certains osent dire, encore, que Frida Kahlo ne serait qu’une autre création de Diego Rivera : on aurait tort de ne pas la laisser sortir du ventre de son époux. »
(Maya Mihindou, carnet de route au Mexique, sur les pas de Frida Kahlo)